LE RETOUR ANNONCÉ DES FARINES ANIMALES
L’affaire se déroule dans les coulisses de la Commission européenne. Nous sommes en 2007. Voilà déjà 15 années que l’on interdit en Europe l’usage des farines animales pour l’alimentation des bœufs, des poissons, des poulets… Les industriels du secteur en ressentent durement les effets dans leurs comptes d’exploitation.
Les professionnels de la filière "viande" ont trouvé deux nouveaux arguments pour convaincre les parlementaires et les fonctionnaires de Bruxelles de revenir sur cette interdiction : l'écologie et la situation économique des éleveurs.
L'écologie d'abord : tous ces rebuts animaux impropres à la consommation que l'on vendait autrefois sous forme de farines doivent désormais être détruits. Rien n'est organisé dans ce domaine et le risque est grand de voir se développer de véritables charniers, réservoirs de maladie, et dangereux pour les nappes phréatiques.
Les éleveurs ensuite : empêchés d'acheter des farines animales, ils commencent à dire qu’ils ne peuvent plus nourrir à peu de frais les poulets et les poissons d’élevage avec des produits exclusivement d’origine végétale. On est en 2007, le prix des tourteaux de soja chinois et brésiliens vient d’augmenter de 100%...
Avant la crise de la vache folle on consommait en France 500 000 tonnes de farines animales par an. Depuis, les ventes se sont effondrées. Les lobbyistes de l’agro-alimentaire s’activent donc pour faire entendre raison aux parlementaires et aux fonctionnaires. Le processus de réintroduction des farines animales a commencé…
Petit à petit, le vautour fait son nid
En 2008, la Commission rouvre officiellement le dossier des farines animales dans le cadre des discussions autour de la PAC.
En 2010, à l’occasion d’une communication au Parlement, les fonctionnaires de Bruxelles évoquent officiellement le sujet en soulignant les précautions qui devraient accompagner un éventuel assouplissement.
En juillet 2011, le Parlement européen adopte une résolution « non législative » en faveur de la levée graduelle et partielle de l’interdiction d’utiliser des farines animales dans l’alimentation des animaux de ferme et des poissons.
En décembre 2011, c’est le Conseil National de l’Alimentation, dépendant du ministère de l’Agriculture, qui rend un avis favorable…
Depuis, on n’a pas de nouvelles, mais on peut parier que le dossier continue son chemin, dans les méandres des institutions européennes.
On ne favorisera pas le cannibalisme, c'est promis...
Bien évidemment, tout cela est mené dans la plus grande discrétion. Car l’affaire a de quoi inquiéter : il s’agit tout bonnement de réintroduire les farines animales non pas chez les bovins, certes, mais cette fois pour l’alimentation des poissons dans un premier temps puis dans un second temps des porcs et des volailles. Rien de moins !
Afin de ne pas effrayer les consommateurs, les FVO (farines de viande et d’os) ont été rebaptisées « PAT », pour « protéines animales transformées ». « Pure poésie » comme l’a écrit le Canard Enchaîné.
Cette fois, la Commission l’assure : on ne favorisera pas le cannibalisme animal puisque un animal ne pourra pas être nourri avec des farines de son espèce. Les poissons auront donc du porc ou de la volaille au menu (ce qui, convenons-en, est tout à fait naturel…), les porcs de la volaille, et ainsi de suite...
Et bien sûr, la commission assure aussi qu’il sera interdit d’utiliser un animal malade pour constituer une farine destinée à en nourrir d’autres. Ouf !
Quant au CNA, il rappelle à qui veut l’entendre qu’il existe « des besoins croissants en protéines pour l’alimentation animale » ainsi que de « probables avantages environnementaux » et que « les conditions ayant conduit à l’interdiction des PAT dans l’alimentation des animaux destinés à la consommation humaine ne sont plus d’actualité ». Et de faire remarquer que de toute façon les Européens consomment des aliments importés, notamment d’Amérique du Sud, contenant des farines animales…
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Sources :
- http://fr.wikipedia.org/wiki/
- http://www.slate.fr/47057/
- http://sante.lefigaro.fr/
- http://www.alcimed.com/html/
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